La diversification alimentaire commence aux environs des 6 mois de bébé. C’est une nouvelle façon de manger, qui n’est pas innée, que ce soit pour bébé ou ses parents.
Parfois, cela se passe simplement. Les habitudes viennent rapidement, bébé a de l’appétit. Mais il est fréquent que la diversification alimentaire soit difficile. Les repas sont compliqués, bébé ne prend pas de poids, etc.
Isabelle Bergé, consultante en lactation, reçoit régulièrement des familles qu’elle accompagne lors de la diversification alimentaire. Au travers d’ateliers, mais aussi de consultations individuelles. Ces séances permettent de trouver des solutions qui sont propres à votre enfant et votre mode de vie.
Au travers de ce cas clinique, Isabelle Bergé livre l’exemple concret d’une diversification alimentaire compliquée pour un bébé allaité. Et des solutions mises en œuvre qui ont permis à ce bébé à la fois de prendre du poids, et d’avoir une alimentation variée.
Les éléments de contexte de la consultation pour diversification alimentaire difficile
Madame et monsieur T viennent consulter Isabelle Bergé, consultante en lactation à Toulouse, avec leur fille âgée de 11 mois. Celle-ci présente une prise de poids insuffisante et connaît une diversification alimentaire compliquée.
La petite fille est née à 37 SA par déclenchement pour RCIU, retard de croissance in utero. Elle pesait alors 1,920 kg. L’allaitement régulier au sein est mis en place rapidement, avec des compléments de lait maternel tirés au tire lait. Une prise de poids régulière suivant la courbe de l’enfant est observée. Néanmoins, elle reste en dessous des courbes de croissance du carnet de santé.
L’allaitement
Diversification alimentaire et allaitement sont tout à fait compatibles. Ainsi, la petite fille continue de prendre 10 à 12 tétées par 24 heures, essentiellement la nuit. Les tétées sont courtes et l’ont toujours été hormis le soir où elle peut rester au sein plus longtemps. Les deux seins sont alternés.
La petite fille est gardée dans la crèche de l’entreprise de la maman. Elle s’y rend 2 ou 3 fois pendant la journée pendant son temps de travail afin de proposer la tétée à sa fille.
Enfin, la famille fait du cododo. Cette situation semble convenir aux 2 parents, ainsi qu’à bébé. La mère dit ne pas toujours se réveiller lors des tétées et ne se sent pas fatiguée.
Les parents m’informent que lorsque bébé est malade, elle tête beaucoup plus et plus longtemps. C’est d’ailleurs à ce moment-là qu’ils notent une prise de poids plus importante.
La diversification alimentaire compliquée
La diversification alimentaire a commencé à ses 4 mois avec de la purée. Mais les débuts sont difficiles. Elle ne semble pas avoir faim, et ne montre pas d’intérêt pour les repas. Son appétit apparaît à ses 5 mois.
Vers 7 mois, les difficultés reprennent. Les repas deviennent plus longs et durent entre 1h et 1h30. En effet, les parents doivent trouver des stratégies pour arriver à lui faire prendre les aliments. Les solides tels que les légumes, féculents ou protéines sont toujours présentés sous forme de purée. Le moment du repas est vécu comme une épreuve pour les parents et l’enfant.
Elle semble plus intéressée par ce que mangent les parents. Cependant, ils n’osent pas prendre l’initiative de lui donner ce que eux mangent. Ainsi, ils continuent de suivre les recommandations du médecin. Notamment au niveau des textures et des quantités.
Premier essai médical pour que bébé prenne du poids
Depuis 1 mois, sur demande du médecin :
- Du lait de croissance est introduit à la place de certaines tétées. Mais la petite fille ne semble pas plus intéressée.
- Les repas solides, avec des quantités pesées, sont à prioriser avant la tétée.
- Les tétées de nuit sont à limiter, pour favoriser la prise alimentaire des solides au moment des repas.
- Un bilan avec un gastro pédiatre est demandé. Il permet de mettre en évidence une carence en fer.
Une supplémentation par voie orale est alors prescrite. Le gastro-pédiatre rassure les parents au vu de l’état général de bébé. En effet, elle suit sa courbe même si elle est en dessous des normes.
Actuellement, il est difficile de lui faire prendre la supplémentation en fer car cela lui provoque des vomissements.
Diversification alimentaire et prise de poids de bébé : comment être dans les courbes ?
Lorsque la diversification alimentaire débute, il est fréquent qu’un bébé allaité ne prenne pas de poids. En effet, ses premiers repas comme la purée ou la compote sont souvent moins caloriques que le lait maternel.
Néanmoins, il faut veiller à ce que son poids reste dans les courbes et que sa santé reste bonne.
Nous découpons cette première consultation en plusieurs temps. Échange avec les parents, observation des comportements de bébé, mise en place de solutions.
Mon objectif est de rassurer les parents, et de trouver ensemble des solutions qui leur conviennent.
Un temps d’échange pour rassurer la famille
Le père me dit qu’ils sont aussi là pour rassurer la maman. Elle se sent coupable depuis la grossesse de “ne pas arriver à faire grossir son enfant”. Le père la rassure et lui rappelle que ce n’est pas sa faute et qu’elle est une bonne maman.
J’observe leur enfant. Elle est dans l’interaction sociale avec un développement psychomoteur adapté à son âge. Cette dernière :
- cherche l’appui pour se mettre debout,
- fait du 4 pattes,
- joue naturellement avec les jouets que je lui propose,
- va téter spontanément 3 fois entre ses activités.
Dans un premier temps, je rassure la mère sur ses compétences de maman et sur la qualité de son lait. J’essaie de lui redonner confiance en elle, et je la valorise.
Analyse de la courbe de croissance de bébé
Les parents ont amené le carnet de santé. C’est super car il s’agit d’une très bonne aide pour analyser la santé de bébé, et trouver des solutions. Je propose de regarder la courbe de poids de leur fille selon les courbes OMS des bébés allaités. Elle met en évidence :
- un ralentissement de la prise de poids vers 4 mois et demi,
- une reprise entre le 7ème et le 8ème mois,
- un nouveau ralentissement vers le 10 ème mois.
J’émets l’hypothèse du début de la diversification pour expliquer le ralentissement à 4 mois et demi. Hormis cela, ils n’ont pas remarqué d’autres éléments notables à cette période.
Entre le 7ème et 8ème mois, bébé a été malade. Cette information est notée sur le carnet de santé : syndrome grippal qui a duré peu de temps. Selon les parents, elle s’est mise à téter beaucoup plus longuement et a refusé les aliments solides.
Trouver ensemble des solutions
Je rassure les parents et leur propose d’augmenter la quantité de lait maternel. Pour cela, les tétées peuvent passer à la demande. J’insiste sur plusieurs choses :
- La nécessité de commencer par la tétée avant le repas et non l’inverse. La tétée peut être donnée entre 30 minutes et 1 heure avant le repas.
- L’importance des aliments riches en fer et d’en varier les origines : protéines animales et végétales par exemple. Il faudrait en présenter plus régulièrement et de façon séparée.
- L’aspect sensoriel est essentiel. Le repas vécu comme un moment agréable ainsi que l’apprentissage par mimétisme de l’enfant sont importants à cet âge. Je propose aux parents de partager le repas avec leur fille et de lui présenter les aliments en morceaux.
- Si elle semble vite rassasiée ou désintéressée par le repas, il peut être utile de fractionner les prises. Ou lui en proposer à un autre moment.
Un début de résultats encourageants
J’invite la famille à contacter leur gastro-pédiatre pour l’informer de la difficulté à administrer la complémentation en fer à l’enfant. Il pourra éventuellement leur proposer un autre traitement.
Enfin, je propose aux parents d’observer la façon de manger de leur enfant, et notamment la mastication et la déglutition. Ces informations seront utiles à l’orthophoniste qui doit faire un bilan de leur fille dans 15 jours.
Les parents se disent rassurés et contents de la consultation. Je leur demande de bien vouloir me tenir informée de l’évolution de la situation.
Ils me contactent un mois environ après la consultation. Grâce à l’application des solutions proposées lors de cette dernière, la diversification alimentaire n’est pas compliquée.L’enfant montre un grand intérêt pour les différentes textures, les repas sont vécus positivement, avec nettement moins de pression. Enfin et surtout, bébé a pris un peu de poids, et les parents ont repris confiance.
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