La maladie de Raynaud, pourquoi consulter un·e ostéopathe ?

En hiver ou lors de fortes variations de température, vous remarquez que vos doigts sont glacés et blancs ? Ou que le bout de votre nez est gelé et que vos oreilles sont particulièrement froides ? Ces symptômes pourraient être causés par la maladie de Raynaud.

On l’appelle aussi phénomène de Raynaud, syndrome de Raynaud, syndrome du doigt blanc, syndrome du doigt mort. Ou encore, à tort, maladie de Reno. Ce syndrome est principalement caractérisé par un trouble de la circulation sanguine au niveau des doigts et des orteils, aggravé par l’exposition au froid.

Généralement bénigne, sa forme secondaire peut être plus grave.
Mais comment savoir si l’on est atteint du phénomène de Raynaud ? Quelles sont les causes d’apparition de ce trouble ? Comment éviter d’en souffrir ? Existe-t-il des traitements naturels pour soulager la maladie de Raynaud ? Quelle est la place de l’ostéopathie et ses limites dans la prise en charge de ce trouble ?

Maurice Raynaud, médecin français, décrit pour la première fois les manifestations de cette maladie, en 1862.
Il s’agit d’un trouble de la circulation du sang. Et plus particulièrement d’une interruption brutale et anormale de la circulation sanguine, par vasoconstriction des vaisseaux sanguins. La vasoconstriction se produit lorsque les vaisseaux sanguins se resserrent, que leur diamètre se réduit.

Maladie de Raynaud : les symptômes

Le phénomène de Raynaud se traduit par une atteinte des extrémités des doigts, des orteils, parfois du nez, et des lobes des oreilles.
Si vous souffrez de ce trouble, il est fort probable que vos doigts passent du blanc au bleu et deviennent particulièrement froids, comme « gelés ».
Vous pouvez aussi avoir l’impression d’une certaine insensibilité ou d’un engourdissement au niveau de vos doigts et orteils. Ce phénomène peut durer de quelques minutes à quelques heures.

On peut regrouper les symptômes de la maladie de Raynaud en 3 phases :

• La vasoconstriction : les zones touchées deviennent froides, les doigts deviennent blancs et insensibles.
• L’asphyxie : la peau tend à devenir bleue.
• Le retour du sang : des rougeurs, une sensation de brûlure, des fourmillements ou encore un gonflement apparaissent.

Un syndrome qui se présente sous deux formes

On observe une forme primitive et une forme secondaire du phénomène de Raynaud.
Dans sa forme primitive, les deux mains sont touchées par les symptômes, sans que les pouces ne soient atteints. Cette forme représente 90% des cas, on parle généralement de maladie de Raynaud.
Dans sa forme secondaire en revanche, que l’on appelle syndrome de Raynaud, une seule main est généralement touchée, cette fois avec le pouce. Les symptômes de la forme secondaire sont plus intenses et plus longs. Si cette forme n’est pas traitée, elle entraîne des complications comme des ulcères. Voire des nécroses, au niveau des doigts touché​s¹.

Une prévalence plus importante chez la femme

Il semble que les femmes sont plus touchées par ce phénomène, notamment, entre 20 et 30 ans.
En France, la prévalence du phénomène de Raynaud est de :

• 15 % chez la femme,
• 10 % chez l’homme.

Elle se présente sous sa forme primaire dans :

• 85 % des cas chez la femme,
• et dans 45 % des cas chez l’homme.

Phénomène de Raynaud et vasoconstriction

Lorsqu’il fait froid, notre corps préserve nos zones vitales. En dessous de certaines températures, il tente de réduire sa perte de chaleur. Les artères situées juste sous la peau, les artérioles, se resserrent On parle alors de vasoconstriction.
Ce mécanisme, présent chez tout le monde, réduit l’exposition du sang au froid et augmente son afflux dans les veines profondes. Ce qui aide le corps à maintenir sa température interne et ainsi à protéger les organes internes.

Chez les personnes atteintes de la maladie ou du syndrome de Raynaud, cette réaction est excessive. Les nerfs, censés contrôler ce resserrement des artérioles, sont hypersensibles. Ils entraînent une diminution brutale du diamètre des artères, plus communément appelé un spasme. Lorsque le spasme cesse, les artérioles se dilatent à nouveau, ce qui rétablit la circulation sanguine.

Lorsqu’il s’agit d’aborder les causes à l’origine du phénomène de Raynaud, il convient alors de différencier sa forme primitive de sa forme secondaire.

Causes du phénomène de Raynaud dans sa forme primitive

Dans sa forme primitive, l’origine de la maladie de Raynaud reste inconnue.
Voici des facteurs mis en évidence :

• l’exposition au froid,
• ou un fort taux d’humidité.
• Mais aussi des facteurs d’ordres psychiques comme un stress ou encore de l’anxiété.

Causes du phénomène de Raynaud dans sa forme secondaire

Concernant le syndrome de Raynaud dans sa forme secondaire, davantage de facteurs sont identifiés :

• Des médicaments prescrits pour l’hypertension, appelés bêtabloquants, des antidépresseurs et médicaments contre le cancer. Ils peuvent en effet créer une vasoconstriction.
• Des maladies auto-immunes : la polyarthrite chez les personnes plus âgées, la sclérodermie, le ​lupus​, etc.
• Des maladies artérielles : le diabète, l’artériosclérose, l’hypercholestérolémie, etc.
• Le syndrome de défilé thoraco-brachial (DTB), qui engendre une compression de l’artère à sa base, au niveau de la clavicule.
• La prise de drogues : le cannabis et la cocaïne peuvent créer une vasoconstriction et une diminution du calibre des artères. Tout comme le tabac.
• Une cause professionnelle : notamment l’exposition à des vibrations importantes

Le diagnostic est clinique. Votre médecin détermine par l’interrogatoire s’il s’agit d’une forme primaire ou secondaire.

Diagnostic : 2 tests spécifiques

• La manœuvre d’Allen : votre médecin comprime les artères du bras et vous demande de fermer plusieurs fois votre main. Cette dernière apparaît alors pâle et décolorée. Une fois la compression terminée on doit constater une recoloration rapide de la main. Le diagnostic de maladie de Raynaud est confirmé si la recoloration de la paume et des doigts est retardée et non uniforme.
• La manœuvre du chandelier : votre médecin vous demande de passer vos bras en position « haut les mains ». Puis d’ouvrir et de fermer vos poings de façon répétée. Le test est positif si les symptômes apparaissent au cours de la première minute.

Examens complémentaires

Un ​examen biologique​ peut être effectué afin de vérifier qu’il n’existe pas une cause diabétique, d’hypercholestérolémie ou de maladies auto-immunes.
Un examen d’imagerie peut aussi être proposé en complément. Notamment un écho-doppler, pour observer les artères, les veines ainsi que la circulation sanguine.

Quand la prise en charge d’urgence est nécessaire

Dans certains cas, une consultation d’urgence s’impose. C’est notamment le cas lorsque :

• on est âgé de plus de 35 ans,
• que les symptômes ne concernent qu’une seule main,
• que d’autres symptômes sont associés : les yeux secs ou douleurs articulaires par exemple.
• les symptômes sont déclenchés lors de la prise de médicaments.

Traitement

En cas de syndrome de Raynaud grave, certains médicaments peuvent être prescrits. Ils favorisent l’afflux sanguin aux extrémités du corps et augmentent l’ouverture des vaisseaux.
Ce point reste à discuter directement avec votre médecin.²
Pour ce qui est de sa forme primaire, il n’existe malheureusement à ce jour aucun traitement définitif pour la soigner. Il est toutefois possible de diminuer la fréquence et l’intensité des symptômes de la maladie de Raynaud de manière naturelle. Et notamment via l’ostéopathie.

L’ostéopathie est une médecine alternative, un traitement naturel, particulièrement conseillée en cas de maladie de Raynaud.
Le fondateur de la philosophie de l’ostéopathie, Andrew Taylor Still, avait d’ailleurs placé la bonne vascularisation des organes au cœur de sa pratique. “L’ostéopathe doit supprimer l’obstacle qui empêche la circulation sanguine normale du point de départ au point de destination”.

Le travail de l’ostéopathe a pour but de rendre une bonne mobilité des éléments du cadre osseux. Ce qui permet alors une meilleure circulation artérielle et veineuse.
Elle soulage donc les symptômes de la maladie de Raynaud, grâce à une amélioration de la circulation.
Cependant, lorsqu’il s’agit d’un syndrome de Raynaud secondaire à une affection sous-jacente, l’ostéopathie est seulement complémentaire au traitement en place. L’intervention de l’ostéopathe permet alors ici d’améliorer votre bien-être et votre confort au quotidien.

Détendre le système musculaire du cou

L’ostéopathe teste le cadre osseux afin de vérifier qu’aucun blocage ne perturbe la circulation sanguine.
Notamment les vertèbres cervicales qui interviennent dans la vasoconstriction. Au niveau de la 7ème vertèbre cervicale et la 1ère vertèbre dorsale. se trouve un système de ganglions nerveux. Ce système est responsable d’une action réflexe des membres supérieurs, de la poitrine et de la tête.
Un blocage à ce niveau peut entraîner une perturbation du système circulatoire.

Au niveau de l’orifice supérieur du thorax, constitué de la 1ère côte et de la clavicule, on trouve un passage vasculo-nerveux. Ces éléments innervent et irriguent le cou, le cerveau, les bras, les coudes et les mains. Un blocage peut freiner la bonne circulation de l’information nerveuse. Mais également la circulation sanguine.
L’ostéopathe détend le système musculaire du cou : les trapèzes, les scalènes, et le muscle sterno-cléido-mastoïdien. Mais détend aussi le système ligamentaire et mobilise les articulations.

Agir sur les fascias

Votre ostéopathe agit également sur les fascias. Ces membranes enveloppent organes et groupes de muscles, et se trouvent sur le trajet du système de vascularisation. A savoir le bras, le coude et le poignet.
L’objectif est de déceler et lever tout blocage musculaire, osseux ou fascial.

Vérifier l’équilibre hormonal

La vasomotricité est la diminution ou l’augmentation du diamètre des vaisseaux. Elle dépend de stimulus nerveux mais aussi d’influences hormonales. Certaines hormones, notamment l’adrénaline et la noradrénaline, possèdent un rôle prédominant dans la vasoconstriction périphérique. Ce qui amplifie l’action du système sympathique, une partie du système nerveux autonome.
Ces hormones sont produites par les reins, les surrénales. Ainsi, lorsque la mobilité des reins est réduite, elle peut perturber le rôle de sécrétion des glandes surrénales. Ce qui vient alors impacter la vasoconstriction.

Focus sur le psoas

Le psoas est un muscle particulièrement important, qui trouve son origine au niveau de la hanche. Il traverse l’abdomen et s’attache sur les cinq vertèbres lombaires. Ce muscle peut être à l’origine de lombalgies.
Le psoas joue un rôle important, notamment dans la mobilité du rein puisqu’il constitue son rail de glissement. S’opère ici un mouvement particulièrement complexe, créé par le diaphragme et son rythme respiratoire. Un mouvement qui refoule le rein vers le bas et bascule son pôle supérieur vers l’avant.
L’ostéopathe redonne de la mobilité au diaphragme et au psoas. Celui-ci peut être mis en tension par une dysfonction du bassin ou des lombaires.

Vérifier le bassin

Le bassin joue aussi un rôle très important dans l’innervation et la vascularisation des membres inférieurs. Les artères et les veines passent en effet entre les systèmes musculaires et peuvent se retrouver en compression. Effet de compression qui peut alors augmenter la vasoconstriction des vaisseaux.

Les troubles au niveau du bassin peuvent être dus à des traumatismes directs ou encore à une dysfonction. Comme une rotation du bassin par exemple.
Cette structure peut également se trouver en tension à la suite de l’accouchement. Les forces de poussées et le passage du bébé dans le bassin étirent le système nerveux et notamment le nerf pudendal. Mais aussi les artères et les veines qui passent à proximité.
Consulter son ostéopathe après la naissance de bébé permet de travailler sur le bassin et l’ensemble du système incriminé.

Faire le point sur le système nerveux autonome

La maladie de Raynaud peut être expliquée par un dérèglement du système hormonal. Mais aussi par une dérégulation du système nerveux autonome.
Le système nerveux autonome régule certains processus physiologiques comme la digestion, le rythme de respiration, le sommeil, etc.
Ce système est géré par le nerf vague qui sort à la base du crâne. Un ancien traumatisme, comme un coup du lapin par exemple, peut venir perturber la sortie du nerf à la base du crâne. L’ ostéopathe débloque et permet alors à l’influx nerveux de circuler normalement.

Libérer le diaphragme

Un travail sur le diaphragme améliore la pompe respiratoire et ainsi le retour veineux. Mais cela a aussi pour effet d’atténuer les troubles liés au stress. Qui peuvent être des éléments déclencheurs dans le phénomène de Raynaud dans sa forme primitive.