Maladie de Dupuytren et ostéopathie

Un ou plusieurs doigts de votre main se fléchissent progressivement et irréductiblement sans pour autant que vous connaissiez de douleurs ? Votre paume semble quelque peu déformée ? Il s’agit peut-être de la maladie de Dupuytren, une maladie des nerfs de la main.

Côté médical, on l’appelle aponévrose palmaire, sclérose rétractile ou encore MDD. Dans le langage courant, la maladie du cocher, la maladie des vikings ou encore la contracture de Dupuytren¹.

Il arrive parfois de l’orthographier – à tort – maladie de putrain, maladie du petrin, maladie de pietrain, ou encore maladie dupuis train.

Alors quels sont les symptômes et comment soigner la maladie du Dupuytren ? Quelles sont les limites de l’ostéopathie dans le traitement de celle-ci ? Nous vous apportons les réponses dans cet article.

Il s’agit d’une maladie d’origine inconnue qui touche l’aponévrose palmaire. Voyez l’aponévrose comme un tissu présent dans la paume de la main. Elle recouvre celle-ci et permet de protéger les muscles, les vaisseaux et les nerfs de la main.

C’est ici que passent les tendons qui nous permettent de fléchir nos doigts, ou de serrer un objet. Enfin, c’est aussi par cet endroit que passe le nerf médian. Ce nerf parcourt le long du bras et le canal carpien jusqu’à la main.

Attention, il est important de différencier la maladie de Dupuytren du syndrome du canal carpien. Une autre maladie des mains caractérisée par une compression du nerf médian.

C’est quand cette membrane l’aponévrose palmaire s’épaissit qu’apparaissent des petits nodules. Il s’agit de la formation de petites boules, le plus souvent indolores. Et c’est cela qui provoque la rétraction de votre paume sur elle-même et le fléchissement de vos doigts.

Vous remarquez² :

• un ou plusieurs de vos doigts se replient vers votre paume,
• vous pouvez les plier sans encombre,
• mais vous ne pouvez pas les tendre.

Cela concerne parfois tous les doigts de votre main. Cependant l’atteinte débute dans la majorité des cas par l’annulaire et l’auriculaire.

On peut parfois même remarquer la rétraction de l’aponévrose palmaire à l’œil. En effet, comme notre peau s’accole à l’aponévrose, parfois on voit la peau qui forme des plis au niveau de l’atteinte. On les appelle des « cordes ».

Une maladie évolutive

La maladie de Dupuytren est évolutive et l’impact sur votre motricité évolue au fur et à mesure de l’évolution de la maladie elle-même.

En effet, plus la rétraction de l’aponévrose palmaire progresse, plus vos doigts ont tendance à se recroqueviller sur votre paume.

La maladie de Dupuytren peut-elle toucher d’autres parties du corps ?

Elle peut en effet aussi toucher la plante du pied, et on l’appelle alors maladie de Ledderhose. Dans des cas plus rares, la maladie peut toucher la verge, il s’agit du moins d’un trouble similaire à la maladie de Dupuytren. Dans le cas où ce trouble touche le pénis, on l’appelle alors maladie de Lapeyronie.

Notez d’ailleurs que la maladie de Dupuytren est présente chez 39 % des patients qui souffrent de la maladie de Lapeyronie.

C’est Guillaume Dupuytren, un chirurgien et anatomiste français qui décrit pour la première fois cette maladie en 1832³. Il remarque que son cocher a les doigts très recroquevillés. Voilà pourquoi on l’appelle aussi la maladie du cocher. Mais cela nous en dit pas plus sur les causes. Le trouble provient-il de la position du cocher, à force de tenir les rênes ?

Non, il ne semble pas que la cause provienne d’une utilisation excessive des mains.

Une maladie d’origine inconnue

L’origine de la maladie reste encore inconnue à ce jour mais les spécialistes ont mis en évidence certains facteurs de risques :

• La génétique et l’hérédité : dans la majorité des cas, un·e membre de la famille a déjà souffert de cette atteinte.
• Le sexe : la maladie atteint plus les hommes que les femmes d’après les chiffres.
• L’âge : bien souvent, les 1ers signes de la maladie apparaissent aux alentours de 40 à 50 ans.
• D’autres pathologies : il semble que le diabète soit un facteur qui favorise l’apparition de cette maladie
• La situation géographique : on observe plus de personnes atteintes dans le nord de l’Europe qu’ailleurs. Ce facteur reste à ce jour inexpliqué.
• Les habitudes de vie : il semble que la consommation excessive d’alcool ou de certains médicaments puisse favoriser l’apparition de ce trouble.

La maladie de Dupuytren, une maladie professionnelle ?

La question se pose⁴ régulièrement, notamment par les personnes particulièrement exposées à un travail manuel. Il n’y a cependant pas encore de preuve que le travail manuel favorise l’apparition de la maladie des doigts qui se recroquevillent.

La maladie de Dupuytren n’est donc pas encore reconnue à ce jour comme une maladie professionnelle.

Les symptômes de la maladie de Dupuytren sont très rarement douloureux. Grand nombre des personnes attendent donc d’être à un stade relativement avancé pour consulter.

Il est toutefois indispensable de consulter votre médecin dans le cas où vous suspectez la maladie de Dupuytren. Ou si vous décelez l’apparition des premiers symptômes, afin de limiter la perte de mobilité de votre main. N’oubliez pas qu’il s’agit d’une maladie évolutive.

Évolution de la maladie de Dupuytren sans soins médicaux adaptés

En effet, votre main risque de se recroqueviller complètement sur elle-même si vous ne la soignez pas. Il est possible que vous ne soyez pas à même de l’ouvrir à nouveau.

Ce temps de rétraction de la main est relativement long et peut s’étendre de plusieurs mois à plusieurs années selon la vitesse d’évolution de la maladie. Cette évolution est d’ailleurs différente d’une personne à une autre.

Dans les stades les plus avancés, il devient en effet très difficile d’ouvrir complètement sa main. Et même d’avoir suffisamment de force pour maintenir un objet. Vous perdez en habileté au niveau de vos doigts. Certaines tâches simples comme écrire ou tenir des couverts deviennent délicates, voire impossibles.

C’est pourquoi il est indispensable de consulter votre médecin sans attendre.

Les effets secondaires

Dans la majorité des cas, la contracture de Dupuytren ne s’accompagne pas de douleurs. Il se peut néanmoins que l’on ressente, de manière exceptionnelle, une gêne à l’extension des doigts ou encore une douleur.

En revanche, la maladie de Dupuytren a également un impact psychologique. Une certaine gêne sociale peut s’instaurer du fait de l’incapacité parfois à réaliser vos gestes simples de quotidien. Il y a souvent la peur d’embêter vos proches lorsque vous avez besoin d’assistance pour certaines tâches. Parfois, le manque d’information sur la maladie et le fait que celle-ci soit difficilement curable pousse à l’isolement.

Envisagez de vous rendre sur des forums qui traitent de la maladie de Dupuytren. Vous pourrez ainsi échanger sur vos expériences et vous sentir moins isolé·e face à ce trouble.

Il n’existe à ce jour aucun traitement efficace qui permet de réparer les effets de la contracture de Dupuytren. On vous propose souvent l’option de l’intervention chirurgicale.

Avant d’arriver au stade de l’opération, des méthodes naturelles et non invasives existent afin de ralentir le développement de la maladie.

Maladie de Dupuytren, quel traitement naturel ?

Le premier soin proposé consiste à provoquer l’étirement des muscles fléchisseurs pour cela on allonge l’extension des doigts. Il s’agit en fait d’étirer votre main sur une table.

On conseille de faire ce petit exercice plusieurs fois par jour, afin de freiner l’évolution de la rétraction de l’aponévrose palmaire et des tendons.

Par la suite, les soins visent à mobiliser les tissus, via la kinésithérapie et des massages de la main. De façon à relâcher l’ensemble des structures et à faciliter leur mobilité. D’autres exercices visent eux à maintenir une bonne amplitude d’ouverture de la main.Il n’existe à ce jour aucun traitement efficace qui permet de réparer les effets de la contracture de Dupuytren¹. On vous propose souvent l’option de l’intervention chirurgicale.Avant d’arriver au stade de l’opération, des méthodes naturelles et non invasives existent afin de ralentir le développement de la maladie.

Maladie de Dupuytren : quand l’opération s’impose

Il existe malheureusement parfois des situations où le phénomène de rétraction est plus rapide. Le “test de la table” permet notamment d’évaluer la gravité du cas. Si votre main et vos doigts ne tiennent pas à plat sur une table, une chirurgie de la main peut être envisagée.

Le·la chirurgien·ne cherche alors à décoller les tissus et les membranes les uns des autres. De façon à ce que la peau, les tendons et l’aponévrose palmaire puissent mieux « glisser » entre eux.

Le·la chirurgien·ne peut sectionner l’aponévrose palmaire afin de rétablir une bonne amplitude au niveau de l’ouverture de la main. On appelle cette opération chirurgicale l’aponévrotomie.

À ce jour les résultats immédiats et à long terme après une opération chirurgicale de la main restent discutables. Certaines personnes connaissent finalement de nouvelles rétractions après l’opération. Parfois, l’opération ne rétablit que très peu la mobilité de la main.

Si la prise en charge de la maladie de Dupuytren par l’ostéopathie ne permet d’en guérir, elle permet toutefois de ralentir le développement de celle-ci. Elle agit sur ses symptômes qui impactent votre quotidien et votre confort de vie. Votre ostéopathe peut aussi bien vous accompagner dans votre parcours préopératoire qu’après une éventuelle chirurgie.

Vous dire que la prise en charge de la maladie de Dupuytren en ostéopathie est simple est un mensonge.

Une prise en charge toute particulière

La question de la prise en charge de la maladie de Dupuytren en ostéopathie est en effet relativement compliquée. Pourquoi ? Principalement car il s’agit d’une maladie d’origine inconnue et que votre ostéopathe doit considérer et lier deux axes de soins.

Le corps pris en compte dans sa globalité

Le premier axe de soin est, comme le veut toujours la philosophie de l’ostéopathie : vous soigner dans votre globalité. C’est-à-dire vous soigner au sens large. L’ostéopathe doit couvrir thérapeutiquement tous les facteurs qui causent ou exacerbent les symptômes de cette maladie.

Autrement dit, un vrai travail de fond. Vous n’aurez pas grand-chose à faire de votre côté si ce n’est vous détendre.

L’action locale

Le deuxième axe de travail pour l’ostéopathe est une action plus locale. Notamment au niveau du poignet atteint avec un travail directement sur l’aponévrose palmaire.

Son attention se porte sur tous liens physiologiques et biomécaniques qui ont une action sur cette aponévrose. Car quand cette dernière se rétracte, beaucoup d’éléments environnants subissent des tensions. Et ce sont ses multiples tensions qui vont générer les nodules dans la paume de la main.

Enfin, les techniques de l’ostéopathe visent aussi à limiter la formation des “cordes” dans votre paume. Cela afin de venir freiner la flexion de vos doigts vers l’intérieur de votre main.

Une amélioration du confort au quotidien

Votre ostéopathe peut donc relâcher les tensions par le travail sur l’adhérence des nodules. Cela permet ainsi d’avoir une main plus souple, plus détendue. Il peut être alors plus confortable d’effectuer certains gestes du quotidien.

L’ostéopathie, le traitement miracle ?

Attention, bien que les techniques développées en ostéopathie soient très précises et susceptibles d’apporter un confort, elles ne permettent pas de soigner la maladie. De plus, les effets des séances dépendent aussi de votre état de santé général, et de l’avancée de la maladie de Dupuytren. C’est-à-dire l’évolution de la rétraction de l’aponévrose palmaire.

Difficile de répondre à la question de la possibilité de récupération complète de la souplesse de la main et du regain d’ouverture de celle-ci. Une question qui demande une prise de recul une fois les premiers soins effectués. Il faut parfois plusieurs semaines à plusieurs mois avant de pouvoir se prononcer.

Je me suis fait opérer de la main, puis-je consulter un·e ostéopathe ?

Absolument, l’ostéopathie après la chirurgie est tout à fait conseillée et le traitement effectué par l’ostéopathe est sensiblement le même. Votre ostéo s’intéresse au compte-rendu de l’intervention chirurgicale. Afin de savoir plus précisément sur quels éléments anatomiques a travaillé le·e chirurgien·ne.

Combien de temps après l’opération puis-je aller voir un·e ostéopathe ?

Le plus tôt est le mieux. Votre ostéopathe peut ainsi tirer profit de la reconstruction cellulaire qui s’effectue pendant votre cicatrisation. Les techniques effectuées par votre ostéopathe sont dans ce cas extrêmement fines et douces.

Bien que ce ne soit pas l’idéal, il est même parfois possible pour votre ostéopathe de travailler à travers les pansements.

Plus tard, l’ostéopathe peut vérifier votre cicatrice et s’assurer que celle-ci ne soit pas perturbatrice. Et oui, une cicatrice, c’est une rétraction de tissus, et qui dit rétraction dit tension.