L’incontinence anale ou fécale chez l’adulte est un sujet encore tabou. Souvent parfois difficile à aborder, même si, ce trouble s’avère plus commun qu’il n’y paraît. Un million de personnes en France semblent en effet en souffrir.
Bien que l’incontinence anale devienne plus courante avec l’âge, elle peut aussi survenir à tout âge. Les causes d’apparition sont variées. Elle déclenche alors des souffrances qui poussent bien souvent à l’isolement social. Et amènent alors des troubles anxieux en plus des séquelles physiques.
Car vivre avec une incontinence anale, c’est bien souvent vivre avec la peur de tacher ses vêtements. La crainte de dégager de mauvaises odeurs.
Certaines approches naturelles peuvent vous aider à limiter les fuites de selles., et qui n’impliquent aucune chirurgie. L’ostéopathie en fait partie.
Comprendre l’incontinence anale
Voici des notions importantes à comprendre :
- incontinence anale : émission involontaire de gaz et/ou de selles liquides ou dures.
- incontinence fécale : émission involontaire de selles, sans émissions involontaires de flatulences.
- continence : fait de pouvoir retenir ses selles.
- la défécation : la capacité d’expulser ses selles.
La continence et la défécation dépendent tous deux d’organes et de muscles :
- le rectum : l’issue de l’intestin, sorte de réservoir qui se dilate à mesure qu’il se remplit.
- le canal anal, ou anus : petit conduit situé juste en dessous du rectum.
- les sphincters : ils ferment le canal anal, ils resserent l’anus en vue de ne pas laisser passer les selles et les gaz. Le sphincter anal externe répond à notre volonté, le sphincter anal interne répond à nos réflexes digestifs involontaires.
Lorsqu’un déséquilibre survient entre le rectum et les sphincters, des troubles arrivent :
- fuites incontrôlées : incontinence anale ou fécale,
- difficultés à évacuer les selles : constipation.
L’incontinence anale est un trouble encore tabou
L’incontinence anale souffre d’un lourd tabou, tout comme l’incontinence urinaire.
Pourtant, ce trouble toucherait jusqu’à une personne sur dix au cours de sa vie1. Et ne concerne pas uniquement les personnes âgées. D’ailleurs, il affecte fortement le confort de vie de près d’un million de Français·es.
Pourtant, selon la Société Nationale Française de Colo-Proctologie, « plus des deux tiers des personnes incontinentes n’ont jamais consulté un médecin pour ce motif ». Les impacts psychologiques et les conséquences sur le quotidien peuvent alors être importants pour la personne incontinente et son entourage.
L’incontinence anale est un trouble au fort impact psychologique
Les conséquences psychologiques d’une incontinence anale sont nombreuses :
- perte d’estime de soi,
- impact sur la dignité,
- impression de perte d’autonomie,
- isolement,
- peur d’être rejeté,
- inconfort,
- difficultés de déplacement,
- impact sur les relations sociales,
- blocage au niveau sexuel,
- etc.
La liste des répercussions de l’incontinence anale sur le moral peut être longue et malheureusement aboutir à un isolement social. Voire à une dépression.
Il est donc important d’en parler et d’échanger avec votre médecin. Car un diagnostic et une prise en charge rapide optimisent les chances de succès du traitement de l’incontinence.
Vous pouvez échanger aussi bien avec votre médecin, que votre gynécologue, sage-femme, gastro-entérologue. Et même votre ostéopathe. Ces professionnel·les sont formés dans l’accompagnement de ces troubles, qu’ielles peuvent d’ailleurs connaître personnellement. Ne vivez pas l’incontinence anale en silence, des solutions existent.
Les causes de l’incontinence anale
Une fonction de l’anus défaillante
Il n’existe pas une cause définie comme responsable des troubles de la continence. Dans la majorité des cas, l’incontinence est en rapport avec une défaillance de la fonction de l’anus. Il est possible que ce dernier soit peu tonique ou encore qu’il se contracte mal.
Ce dysfonctionnement peut avoir de nombreuses origines. Il peut s’agir d’une plaie ou d’une déchirure passée des sphincters de l’anus. Ou encore de troubles de la commande nerveuse de ces muscles.
D’autres facteurs expliquent l’incontinence anale
- Une Maladie Inflammatoire Chronique de l’Intestin (MICI), une gastro entérite ulcéreuse, ou tout autre troubles digestifs.
- Une tumeur rectale.
- Un trouble de la perception rectale, causé par un fécalome, des selles dures coincées dans rectum.
- Un trouble de la perception rectale causé par certaines affections neurologiques : sclérose en plaques, AVC, syndrome de démence, maladie de Parkinson, diabète, etc.
- Une ou plusieurs lésions sphinctériennes : lors d’une chirurgie anale, pour des fistules, des fissures, ou une excision d’hémorroïdes. Mais aussi lors d’une malformation opérée, ou encore d’une déchirure lors de l’accouchement
- Un trouble de la statique causé par un prolapsus total du rectum, c’est-à-dire une descente de l’organe.
Une résistance du périnée en cause ?
Il peut s’agir également d’une altération des capacités de résistance du périnée, causée par l’étirement des nerfs périnéaux. Son origine peut être :
- Une constipation chronique avec efforts de poussée.
- Une multiparité : de multiples accouchements.
- Une macrosomie fœtale : lorsque bébé pèse plus de 4kg à la naissance.
- Une utilisation de forceps ou instruments lors de l’accouchement.
- Une déchirure.
- Une expression abdominale : c’est une pression exercée lors de l’accouchement, sur le fond de l’utérus et sur le ventre, dans le but de raccourcir la durée de la seconde phase. Cette pratique est interdite en France depuis 20072.
- Une situation d’obésité
- Une hystérectomie : c’est l’ablation chirurgicale partielle ou complète de l’utérus.
- Une altération périnéale : suite à une chirurgie pour prolapsus urologique ou gynécologique30
- 3
Le facteur de l’âge confirme t-il un terrain plus favorable à l’incontinence anale ?
L’incontinence anale est un trouble qui concerne près d’un million de Français, dont 350 000 souffrent d’incontinences sévères3.
L’incontinence anale touche 11% des plus de 45 ans. Et 2 % d’entre eux souffrent de pertes fécales quotidiennes ou hebdomadaires.
La fréquence de ce trouble augmente avec l’âge : 33 % des personnes âgées et placées en institution sont concernées. Et 23 % souffrent de pertes fécales quotidiennes.
Les études sur les premières grossesses montrent une incontinence anale chez 13 % des femmes après l’accouchement.
Ces chiffres sont probablement sous-estimés. Puisque nous l’avons évoqué, ce trouble est encore considéré comme tabou aujourd’hui.
Une étude de 20064 vient entre autres le confirmer. Des gastro-entérologues devaient réaliser une recherche systématique d’une incontinence anale auprès de leurs patients. Et bien ce symptôme était présent depuis plus d’un an chez 74 % d’entre eux. Et seulement 4 % avaient déjà consulté pour ce trouble.
Le diagnostic de l’incontinence anale
Une fois l’échange de votre trouble avec votre médecin, le diagnostic d’une incontinence anale peut se poser après réalisations d’examens.
L’examen clinique
Le diagnostic compte en premier lieu un examen clinique. Votre médecin cherche notamment à savoir si vous avez des antécédents de chirurgie ou encore un traumatisme périnéal.
Le médecin procède ensuite à une évaluation neurologique et à un examen abdomino-périnéal et ano-rectal, qui comprend l’inspection et le toucher rectal.
Les examens complémentaires
La manométrie anorectale est ici l’examen physiologique de choix. Il permet en effet d’en savoir plus sur les aspects moteurs et sensitifs de votre appareil sphinctérien.
Aussi, votre médecin peut vous recommander :
- une rectoscopie : c’est un examen du rectum via un endoscope,
- une coloscopie : un examen du côlon via un coloscope.
Également, le recours à l’imagerie ano-rectale peut-être ordonné. Avec la réalisation :
- d’une échographie endoanale. C’est un examen de l’anus et de la partie basse du rectum avec l’utilisation d’une sonde échographique rigide,
- et d’une IRM du plancher pelvien.
Les traitements adaptés
La discussion du traitement de l’incontinence anale est évoquée avec votre médecin. Puisque la pathologie en cause de l’incontinence va influer sur l’orientation donnée à votre guérison.
C’est le cas notamment lorsque les pathologies sont graves. Pour un diagnostic d’un cancer du rectum par exemple. Ou d’une affection neuropathique comme un diabète ou une sclérose en plaque.
Mais également lorsque l’incontinence anale est sévère. Alors, une intervention chirurgicale peut être nécessaire. Dans ce cas, il est intéressant de consulter votre ostéopathe après l’opération, notamment pour limiter les adhérences cicatricielles. Ou pour apporter un confort global qui va s’inscrire dans le protocole de soin déjà entrepris.
L’ostéopathie : un traitement naturel de l’incontinence anale
Agir sur les facteurs de ce trouble
Votre ostéopathe vous propose un traitement naturel de l’incontinence anale afin d’agir sur les causes et d’en limiter les effets.
Son accompagnement vise principalement à restaurer la mobilité de l’ensemble des tissus et des structures de l’organisme. Et notamment les fonctions physiologiques de votre sphère pelvienne, qui est la partie basse du bassin.
D’un point de vue physiologique et organique, la sphère pelvienne est le cadre de deux fonctions :
- l’élimination, par la défécation des selles et la miction de l’urine,
- ainsi que la fonction sexuelle.
Les soins de votre ostéopathe s’adaptent à votre corps, et s’articulent à votre rythme. Vous choisissez notamment dans quelle tenue vous souhaitez être manipulé·e. En sous-vêtements ou tout habillé·e, c’est vous qui décidez.
Nous rappelons d’ailleurs que les manipulations internes sont interdites. Aucun toucher rectal ou vaginal n’est réalisé en ostéopathie.
Un accompagnement global
Votre ostéopathe réalise un soin global, qui explore différentes sphères.
L’identification d’adhérences cicatricielles
L’ensemble de vos systèmes musculaires et ligamentaires peuvent avoir gardé des séquelles d’une chirurgie anale, colorectale.
C’est notamment le cas lors du processus de cicatrisation, après l’opération. Lorsque des adhérences cicatricielles se forment. En effet, des bandes fibreuses viennent alors relier vos tissus et vos organes entre eux, ce qui réduit alors leur mobilité.
Elles peuvent alors empêcher les muscles sphinctériens de faire leur travail de continence.
Votre ostéopathe favorise alors ce travail de relâchement de tout votre système. Le soin se concentre notamment sur votre cicatrice, afin de permettre une harmonisation des muscles sphinctériens.
Le traitement des troubles digestifs
Les troubles digestifs, comme une recto-colite ulcéro-hémorragique, ou encore une gastro-entérite, favorisent l’incontinence. Ces troubles se localisent au niveau du côlon ou de l’intestin.
Alors votre ostéopathe travaille sur vos organes afin de leur redonner de la mobilité. Mais aussi dans le but de faciliter la réabsorption de l’eau pour déshydrater vos selles. Ainsi, elles deviennent plus sèches, ce qui limite les fuites.
Le soulagement des structures osseuses
Votre ostéopathe s’assure également que votre structure osseuse ne perturbe pas l’émergence de l’innervation de vos organes du pelvis. C’est-à-dire de la partie basse de votre abdomen.
En effet, un blocage au niveau des lombaires, par exemple, peut avoir une incidence sur le fonctionnement de votre côlon. Mais aussi des intestins. Tout comme un blocage au niveau de vos dorsales d’ailleurs.
Au même titre, les dernières lombaires et le sacrum gèrent la commande des muscles sphinctériens. Des traumatismes sur cette zone peuvent être à l’origine d’un dysfonctionnement du sphincter anal ou vésical. Et être ainsi un terrain favorable aux incontinences.
L’allègement du système musculaire
L’action de l’ostéopathe consiste aussi à identifier les blocages osseux qui peuvent venir perturber la région du périnéé. C’est pourquoi il est nécessaire d’investiguer tout le système musculaire de maintien. En effet, un spasme d’un des muscles du petit bassin peut venir comprimer les nerfs, ainsi que les artères qui passent à proximité.
C’est le cas de la névralgie pudendale ou du syndrome du nerf honteux. Ce nerf innerve le plancher pelvien ainsi qu’une partie des muscles ano-rectaux. L’accompagnement en ostéopathie apporte des solutions pour ce syndrome spécifiquement.
Ce soin se fait également à distance de cette zone, sur le diaphragme et le psoas notamment, qui jouent un rôle essentiel dans la posture.
Un travail sur le prolapsus
Les organes pelviens, à savoir l’appareil génital, la vessie, ou encore le rectum, ont un poids relativement important. Ils sont soutenus par le périnée, dit le plancher pelvien. Mais lorsque ce plancher se relâche, il n’assure plus alors sa fonction de soutien. Et les organes descendent.
Ce trouble est pris en charge par de la kinésithérapie, à l’aide notamment d’électrostimulations. Un travail en synergie avec votre ostéopathe, en amont, pendant et après ce travail, est recommandé pour vous aider à en tirer tous les effets bénéfiques. Lever les tensions grâce à l’ostéopathie permet un travail plus efficace ensuite en kinésithérapie.
Des soins post-partum
Le temps de la grossesse entraîne des modifications physiques qui peuvent avoir une incidence sur votre continence.
L’accouchement peut lui aussi avoir un impact. Notamment si des instruments ont été utilisés, ou si vous avez eu une déchirure ou une épisiotomie. Un travail sur l’ensemble du plancher pelvien, associé à la rééducation périnéale présente en général de bons résultats.
Votre ostéopathe, spécialiste de la périnatalité peut vous accompagner durant le post-partum. Cela permet notamment à vos organes de retrouver leur place, leur tonicité, etc.
Un suivi tout au long de la grossesse permet en général de prévenir l’incontinence anale durant la grossesse et après l’accouchement.
Notes et réferences
Une urgence ? Besoin d’un rendez-vous aujourd’hui ?
RDV rapide avec un·e ostéopathe. Soin de qualité, et accompagnement dans la durée. Depuis 15 ans, cet engagement fait notre réputation.
- https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1906619/↩
- https://www.senat.fr/questions/base/2021/qSEQ210220826.html#:~:text=le%20ministre%20des%20solidarit%C3%A9s%20et,deuxi%C3%A8me%20phase%20de%20l’accouchement↩
- https://www.snfge.org/content/incontinence-anale↩
- https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/16514381/↩
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