Votre enfant se plaint de douleurs au talon ou au niveau du tendon d’Achille ? Et particulièrement lors de l’effort ? Vous remarquez alors une boiterie à la marche ou une adaptation en vue de limiter les douleurs ressenties ?
Peut-être s’agit-il de la maladie de Sever, un trouble commun chez les enfants en pleine croissance.
Et si cette pathologie est la plupart du temps bénigne, elle peut être particulièrement douloureuse et handicapante. De plus, elle peut générer à terme d’autres maux ou problèmes de posture. La cause ? Les adaptations opérées par votre enfant dans le but de soulager ses douleurs.
Quels sont les signes qui permettent de reconnaître ce trouble ? Quelles sont les causes d’apparition de ces douleurs ? Qui consulter et quelles sont les solutions pour soulager et soigner naturellement la maladie de Sever ?
Retour sur cette pathologie de la croissance fréquente et les manières de soulager ses douleurs.
Maladie de Sever : de quoi s’agit-il ?
La maladie de Sever est une pathologie de la croissance chez l’enfant. Elle est caractérisée par une atteinte du noyau d’ossification secondaire du calcanéum : l’os du talon.
Cette maladie est aussi appelée apophysose calcanéenne ou encore apophysose postérieure calcanéenne. Vous pouvez aussi retrouver les appellations d’apophysite calcanéenne ou encore d’apophysite postérieure calcanéenne. Néanmoins, si ce terme est encore largement utilisé, il relève d’une ancienne dénomination et suggère une composante inflammatoire inappropriée.
Elle survient habituellement chez les enfants ou adolescent·es particulièrement actif·ves et qui pratiquent beaucoup de sport. Notamment la danse, la gymnastique, l’athlétisme ou encore le foot. Elle est liée à un surmenage sportif lors d’activités qui impliquent courses et sauts.
La Maladie de Sever est liée à la croissance des os durant l’enfance.
Les os grandissent
Deux noyaux d’ossification participent au développement de l’os du talon, le calcanéum :
- l’un apparaît à la naissance,
- l’autre vers huit ans.
Au niveau du talon, le noyau d’ossification secondaire est situé en rapport de l’apophyse du calcanéum, un petit relief osseux.
Ces centres d’ossification, composés de cartilage, vont permettre la croissance de l’os. L’ossification est alors complète vers 15-16 ans.
Lors de poussées de croissance, il peut y avoir un déséquilibre entre la vitesse à laquelle l’os grandit et le temps d’adaptation. En effet, il est parfois trop court pour permettre l’allongement suffisant des muscles du mollet.
Alors, une traction forte et inadaptée du tendon du muscle du mollet s’opère au niveau de son insertion sur l’os. Ce qui provoque une désorganisation du cartilage qui compose ce noyau.
Maladie de Sever et autres ostéochondroses de croissance
La Maladie de Sever entre dans la famille des troubles de la croissance des os appelées les ostéochondroses. D’ailleurs, elles peuvent se retrouver à différents niveaux et notamment :
- Au genou : il peut s’agir de la maladie d’Osgood-Schlatter, l’une des plus fréquentes. On note ici une traction du quadriceps sur la tubérosité tibiale, c’est-à-dire sous la rotule. Ou de la maladie de Sinding-Larsen-Johansson lorsque c’est la rotule elle-même qui est atteinte
- Au pied : la maladie de Freiberg, de Köhler-Mouchet, ou encore la maladie de Renander. Ici, ce sont les os du pied qui sont fragilisés. Le métatarse, l’os naviculaire, ou encore l’os sésamoïde, sous le gros orteil.
- À la colonne vertébrale : la maladie de Scheuermann. Ici, ce sont les plateaux vertébraux qui sont atteints.
Maladie de Sever : les symptômes
Les douleurs liées aux poussées de croissance sont éprouvantes, et la maladie de Sever peut être particulièrement handicapante. Dans environ 60% des cas, l’atteinte est bilatérale et touche les deux talons1.
Alors, votre enfant ou adolescent·e peut se plaindre de :
- Douleurs au talon ou à proximité du tendon d’Achille. Elles sont notamment exacerbées lors de la marche, la course, ou les sauts.
Douleurs, qui s’estompent au repos. - Difficultés à marcher et à courir. Votre enfant boîte ou marche sur la pointe des pieds pour éviter l’appui du talon au sol, particulièrement douloureux.
- Enflures ou rougeurs éventuelles au niveau du talon.
Sensibilité accrue lorsque la zone est comprimée. Et notamment lors du port de chaussures dures et rigides comme des crampons.
Maladie de Sever et douleurs au talon : les causes et facteurs de risques
Les causes
Une traction excessive du tendon sur le cartilage de croissance cause la maladie de Sever. Cette tension peut être causée par :
- Une répétition de chocs, à la suite de réceptions de sauts par exemple.
- Un entraînement intensif.
- Un port de chaussures non adaptées à la pratique sportive. Le pied n’est alors pas suffisamment maintenu, ce qui provoque une sollicitation des tendons importante au niveau du pied.
- Une exécution répétée d’un mauvais geste : un saut réceptionné uniquement sur le talon par exemple.
- Une posture en hyper pronation du pied : le pied de votre enfant est alors entraîné vers l’intérieur. Ce mouvement provoque une traction excessive sur le tendon d’Achille.
- Une croissance subite.
- Une augmentation rapide, et/ou mal adaptée de son activité physique.
Les facteurs de risque
La pratique de certains sports est retrouvée dans l’apparition de ce trouble chez l’enfant :
- football,
- athlétisme,
- tennis,
- basketball,
- gymnastique,
- danse, et notamment le breakdance.
Cette pathologie de croissance peut concerner tout enfant ou pré-ado, actif·ve, en période de croissance.
Pour aller plus loin :
- Près de 20% des jeunes sportif·ves souffrent de problèmes au niveau de l’apophyse calcanéenne.
- 87% des jeunes sportif·ves2 qui se plaignent de douleurs à cette zone pratiquent une activité qui sollicite sauts ou course.
- La Maladie de Sever représente 2 à 16% des pathologies musculo-squelettiques chez les enfants sportif·ves.
Diagnostiquer et traiter la maladie de Sever
Diagnostic clinique
Le diagnostic est clinique. Votre médecin cherche à identifier l’apparition des douleurs. Surviennent-elles lorsque votre enfant appuie son talon ? Que se passe-t-il à la marche ? Lors de sauts ?
Ensuite, l’examen nécessite une palpation du talon, parfois rouge et/ou gonflé. Alors, une douleur particulièrement vive est généralement ressentie. L’enfant sait en général la reconnaître.
Les examens complémentaires d’imageries ne sont généralement pas nécessaires. Néanmoins, ce point reste à discuter directement avec votre médecin.
Enfin, une radiographie peut être prescrite en cas de suspicion de fracture ou pathologie tumorale. C’est notamment le cas si les examens préalables ne présentent aucun signe pour éliminer une pathologie osseuse.
Traitement de la Maladie de Sever
Pour soulager les douleurs importantes de votre enfant, votre médecin peut prescrire des anti-inflammatoires ou des antalgiques.
Néanmoins, ces anti-inflammatoires ne traitent pas l’origine du trouble. Ils viennent soulager votre enfant mais altérer le message douloureux. Message qui limite votre enfant dans ses gestes pour ne pas exacerber le trouble. La douleur atténuée, votre enfant peut forcer sur son pied, et accentuer le trouble initial.
Enfin, votre enfant risque d’adopter des attitudes ou positions antalgiques. Ce sont des postures adoptées spontanément afin de diminuer la douleur. Dans ce cas, sa marche va être modifiée. Cette solution risque cependant de créer d’autres types de tensions au niveau du pied. Mais aussi à distance. Un cercle vicieux en somme.
Maladie de Sever et ostéopathie
Votre ostéopathe s’assure de soulager la douleur en priorité. Afin que votre enfant puisse progressivement reprendre ses habitudes quotidiennes sans mal. Et surtout marcher normalement.
Le soin va permettre également de soulager les éventuelles adaptations du corps de votre enfant. Et qui provoquent des tensions. Il s’agit de créer un environnement harmonieux pour sa cheville et son pied, afin que l’ensemble du corps fonctionne de façon cohérente et efficace.
La phase d’observation et d’évaluation
Afin d’accompagner au mieux votre enfant, votre ostéopathe contrôle la position de ses pieds. Mais l’ensemble de sa posture.
Cette phase de soin permet de mettre en évidence une stratégie posturale. C’est-à-dire les positionnements particuliers que prennent certaines parties du corps et qui amènent des tensions des pieds.
Comme :
La colonne vertébrale : repérer une éventuelle déviation ou rotation.
Le bassin : un côté plus haut que l’autre peut créer une inégalité de répartition au niveau des membres inférieurs.
La position de sa tête. Si votre enfant a la tête plus en avant ou plus en arrière, c’est peut-être la résultante de tensions de chaînes musculaires. Ces tensions sont bien souvent causées par un positionnement particulier des pieds. Et inversement, si les pieds subissent certaines tensions, cela peut impacter le positionnement de sa tête.
Cette observation permet d’évaluer le schéma de tension que connaît son corps.
Posture et ostéopathie
Diminuer les effets des postures antalgiques
Du fait de ses douleurs, votre enfant peut marcher sur la pointe des pieds afin d’éviter d’appuyer sur ses talons. Et ainsi de relâcher les tensions des tendons.
Cette posture antalgique crée un déséquilibre de sa posture : son bassin bascule alors et sa colonne vertébrale s’incline.
Ainsi, votre ostéopathe va décharger les tensions des zones à distances des pieds, comme ses :
- cervicales,
- dorsales,
- lombaires,
- membres inférieurs : bassin, hanches, genoux.
Pour un soulagement complet et global. Et pour s’assurer que la colonne est bien capable de se positionner selon les informations transmises par les capteurs posturaux.
Mesurer le fonctionnement des capteurs posturaux
Il s’agit des yeux, de la mâchoire, de l’oreille interne, des pieds et de la peau. Car ces parties du corps sont des indicateurs de l’évolution de l’environnement. En effet, le cerveau analyse les informations qui proviennent de ces capteurs afin d’adapter sa posture en permanence.
Alors, une vision altérée ou des tensions de la mâchoire peuvent imposer un certain positionnement à la tête. Qui se répercute ensuite sur sa colonne vertébrale et ce, jusqu’aux pieds, au niveau du sol. Ou encore des informations biaisées captées par la peau, comme des adhérences cicatricielles, vont affecter son système postural.
Focus sur la cheville
La cheville est le point d’intersection entre les forces verticales et horizontales lors du mouvement. C’est le système ligamentaire et musculaire qui régule ces contraintes. Il sert d’axe de mobilité. Mais intervient également dans le système de maintien qui est assuré par le tendon d’Achille. Ce tendon vient alors tirer sur l’insertion du talon.
Les chevilles peuvent avoir subi :
- une ou plusieurs entorses, le traumatisme le plus fréquent.
- des tensions, causées par les activités présentes ou passées.
- des souffrances : des muscles fatigués restreignent alors les mouvements articulaires.
- ou encore, avoir été habituées depuis longtemps à fonctionner d’une certaine manière. Et qui n’est alors plus adaptée à la nouvelle activité ou à la pratique de votre enfant.
Ainsi, votre ostéopathe s’assure de la qualité de mobilité de toutes les articulations de ses pieds et chevilles. Ainsi que de la bonne réponse tonique de son système musculaire.
Facteurs et les causes
Votre ostéopathe s’assure de l’état de santé global de votre enfant.
Fatigue, stress, baisse d’énergie, tensions du système respiratoire, troubles du transit, etc. Tous ces facteurs peuvent favoriser l’apparition de ses maux et douleurs. Ou déranger sa récupération.
L’objectif du soin est d’optimiser la qualité du fonctionnement de son organisme. Et de le soigner au besoin. Ses identifications sont partagées avec vous lors du soin.
Travail en synergie
L’ostéopathie est particulièrement efficace pour la prise en charge de la maladie de Sever.
Un travail en synergie optimise la guérison. Avec votre enfant en premier lieu. Pour accepter une période de repos nécessaire à son corps pour se consolider. Et pour veiller à une reprise graduelle et une continuité quant à son activité sportive qui doit être adaptée à sa récupération.
Aussi, lorsque le port de semelles est nécessaire, il est possible de coupler les soins en ostéopathie avec un·e podologue. En effet, le port de talonnettes amortissantes est parfois recommandé selon les cas. Elles permettent de guider le pied dans un positionnement particulier, pour faciliter sa récupération. Et elles participent à diminuer l’intensité des impacts sur le talon.
Ainsi, pour optimiser le rôle de ses semelles, votre ostéopathe va agir sur la posture de votre enfant.
Enfin, il est aussi fréquent que votre kinésithérapeute et ostéopathe travaillent conjointement, pour une prise en charge toujours plus globale.
Notes et références
Une urgence ? Besoin d’un rendez-vous aujourd’hui ?
RDV rapide avec un·e ostéopathe. Soin de qualité, et accompagnement dans la durée. Depuis 15 ans, cet engagement fait notre réputation.
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